Poète au coeur astral, qui te mêles aux foules,
Qu'attends-tu d'un contact avec tes non-pareils?
Poète au coeur cyclone, au coeur géant qui roule,
De ton amour, tu veux créer l'homme-soleil?
Et ceux-là, qu'en fais-tu, millions, millions,
Ceux-là dont il faudrait changer la conscience:
Ouvrir cette poitrine où bas coeur de lion,
Et ce crâne où s'agite une froide démence?
Condensateur d'azur au chaud rayonnement,
Lève au ciel ton regard, prends la nuit aux étoiles,
Le flux de pureté, l'infini diamant:
Poète, voici Dieu, arrache-lui son voile!
Solitaire orgueilleux, les hommes sont tes frères,
Et la prison de chair enferme ton coeur pur:
Livre ton univers, donne leur ta lumière,
Peut-être verront-ils au travers, tout l'azur!
Publié dans "Le Sol Clair" n°2, le 1er Mai 1939